La démarche d’auto-socio-construction des savoirs à l’école et en formation, Odette Bassis

11 mai 2019
Photo par Dariusz Sankowski sur Pixabay

Communication présentée au Congrès de l’AFIRSE. Association Francophone Internationale des Sciences de l’EducationParis. UNESCO Juin 2011.
http://www.gfen.asso.fr/images/documents/analyses/dasc_com_afirse_o.bassis_2011.pdf

Une recherche fondée sur une mise en dialectique entre pratique et théorie à propos de l’acte d’apprendre et l’acte d’enseigner.

Selon Odette Bassis, des questionnements forts sont à l’origine des savoirs culturellement et scientifiquement ancrés.

Cependant, une posture d’enseignement qui chercherait à faire refaire aux apprenant·e·s le chemin des découvertes via l’émergence de ces questionnement serait totalement illusoire. Ceci dit, il ne s’agit pas non plus de n’enseigner que des productions finales.
L’enseignement est fait de transpositions, de connaissances qui font partie de l’héritage culturel vers la situation dans laquelle il se trouve, lui ainsi que les apprenante·s.
Il est important que l’enseignant·e permette d’accéder à des questionnements, à la fois pour des questions de signifiance, mais aussi dans un refus d’être l’agent de la “violence symbolique” telle que la présentait P. Bourdieu.
Bassis rappelle deux points que soulignait Bachelard. D’une part, que “s’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique”, d’autre part, que le rôle “des autres” est primordial dans l’apprentissage.

On a deux dimensions du savoir. La dimension épistémologique fait référence aux savoirs tels qu’ils ont été construits dans l’Histoire, à la signification qu’ont ces savoirs. La signification a une dimension historique. Au contraire, le sens, lui, a une dimension personnelle, c’est la dimension épistémique du sujet. Cette façon dont on vit le savoir dans son imaginaire et dans son intelligence et qui n’est jamais la même. C’est celle-ci que retiendra l’apprenant, celle qui fait sens pour lui.

La démarche d’auto-socio-construction est faites de paradoxes.
Le paradoxe de l’enseignant formateur, c’est de se rendre inutile

Le paradoxe des situations. Les situations d’apprentissage doivent être accessibles à tous tout en initiant des processus de recherche. La consigne qui met en action y a une place fondamentale.

Les paradoxes des processus :
Processus dialectique entre acte et pensée dont l’enjeu est la construction d’une relation entre faire et comprendre, entre la fonction et le sens.

Processus dialectique entre chacun et les autres dans lequel se construisent les identités et s’établissent l’autonomie d’une part et les solidarités.

Processus dialectiques entre liberté et contraintes, faits des va et vient entre le sujet et la situation et entre le sujet et les autres, dont l’enjeu est la construction d’un sujet critique et créatif.

Dimension systémique de la démarche
Bassis part d’une comparaison entre le “triangle pédagogique” mis en avant par J. Houssaye et le deuxième triangle, et le triangle de l’auto-socio-construction, qui intègre les apports du psychologue Wallon et dont les trois sommets représentent : le sujet-apprenant (pour lequel est représenté de manière réflexive la transformation des schèmes de pensée), les autres apprenants et la situation. Partant de là, elle met en évidence le lien entre Savoir et Situation(s) qu’il appartient à l’enseignant·e de travailler et le lien entre l’enseignant et le triangle de l’auto-socio-construction dont le défaut est justement de rendre invisible cette relation.
Une lecture de ce diagramme qui se complexifie devrait intégrer aussi une dimension temporelle puisque les processus ne sont pas synchrones. Elle amène à penser non plus seulement “au rapport au savoir” mais aussi au “rapport à savoir”, au lien entre savoir comme substantif et savoir comme verbe.
Enfin, pour saisir la dimension systémique globale, la lecture doit intégrer le travail de l’enseignant-formateur vis à vis des apprenants en tant que groupe et en tant que sujets, vis à vis du savoir et dans la construction et la proposition des situations, mais elle doit aussi intégrer le travail de chaque apprenant dans la perspective de tous ces mêmes éléments.