Portrait d’étudiant

8 mai 2019
Lucas, étudiant travaille dans le tiers-lieu du Centre de langue de l'Université Lyon 2

Dans le cadre du Master DDLE & TICE, nous avons eu à réaliser un portrait d’étudiant dans le contexte du nouveau tiers-lieu, au sous-sol du Centre de langues du campus de Bron de l’Université Lyon 2. L’entretien devait être axé principalement sur l’utilisation de cet espace. Il devait également permettre d’avoir un aperçu des usages d’outils numériques par les étudiant·e·s.

Les entretiens permettent d’obtenir des informations qualitatives sur des populations étudiées. Ils permettent de dépasser les apparences parfois trompeuses des statistiques en informant sur les pratiques et représentations qui peuvent se cacher derrière des chiffres. Attention cependant les représentations doivent aussi être interrogées. Dans le cas des TICE notamment, une phrase telle que : “Je ne me sers pas d’outil numérique” peut être le reflet d’une invisibilisation de pratiques devenues quotidiennes.

En 2018, les étudiants semblent connectés mais n’ont pas tous des pratiques d’apprentissages liées aux TICE. Ils ont des parcours singuliers et leurs apparentes errances cachent aussi des objectifs déterminés.

Portrait d’un étudiant dans le tout nouveau tiers-lieu du Centre de langue de l’Université Lyon 2 :

Lucas, un itinéraire aux apparences vagabondes vers un objectif précis.

Occupation des lieux

Voir le plan de l’espace collaboratif.

L’observation se déroule, un mercredi matin, novembre 2018. Au dehors, il fait froid et humide. Ce jour là, personne n’occupe les espaces de travail avant 9h30. Quelques personnes circulent, principalement en direction ou provenance de la salle des professeurs. La personne en charge de l’entretien nettoie le sol et réarrange le mobilier.

9 h 30, un jeune homme arrive et s’installe dans « l’espace de travail phonique », également rebaptisé “espace cocon” par d’autres usagers.
Une deuxième s’y assoit une minute plus tard. Ils n’ont pas l’air de se connaitre et ne discutent pas. Chacun sort un ordinateur et des documents.

9h40 : Un jeune homme s’installe seul à la grande table haute de l’espace “assis/debout”.

Espace de travail mobile, Centre de langues, Bron, Lyon 2
Espace de travail mobile, Centre de langues, Bron, Lyon 2

9h45 : Un homme s’installe sur un des fauteuils à roulettes de “l’espace mobile” fréquemment utilisé pour les ateliers de langue espagnole.

Sortie des cours

Des étudiants vont et viennent des deux salles du sous-sol. Une connaissance, semble-t-il, de l’homme à la grande table passe, discute avec lui et repart.

Deux étudiants s’assoient sur l’espace « cubes ». Une troisième personne vient leur parler et tous trois remontent au rez-de chaussée.

Trois autres étudiants s’installent également à la table haute. Ils seront rejoints peu à peu par d’autres et se rendront ensemble à un atelier de conversation en langue espagnole dans l’espace de travail mobile.

Espace Assis/Debout avec téléviseur. Table et chaises hautes.
Espace Assis/Debout avec téléviseur. Table et chaises hautes.

9h53 : 6 personnes arrivent et s’installent à la table haute pour travailler en groupe. Ils entourent le premier jeune homme arrivé. Celui-ci, assiégé, tiendra bon une petite dizaine de minutes, puis se repliera et quittera le rez-de-jardin.

Mise à part dans l’atelier langue, les discussions restent le plus souvent très feutrées.

Arrive Lucas sur l’espace « cubes » où je me trouve également.

Lucas

Lucas, étudiant en 1re année d'Humanités
Lucas, étudiant en 1re année d’Humanités

Lucas a 18 ans. Il pose son blouson à côté de lui, sort son ordinateur portable et fixe ses écouteurs sur ses oreilles. Il commence par regarder les actualités sur le site du « Dauphiné ».

Lucas est de Bourg-en-Bresse. Il habite à Lyon depuis la rentrée, en couple avec sa « copine », ils sont là « juste pour les études ». Il est en première année d’Humanités.

Il a passé le bac avec mention l’année dernière. Il avait opté pour la filière, “technologique en architecture”, motivé par un copain qui l’avait convaincu. Il avait hésité avec un parcours plus classique, « trop commun peut-être », mais l’architecture l’intéresse et le principe de cette filière avec un travail en groupe sur un projet précis l’a passionné, il a choisi ce cursus qu’il n’a pas regretté.

L’entrée en Licence d’Humanités n’était pas son choix initial, il souhaitait entrer en licence de Psychologie. Malgré sa mention, comme beaucoup d’autres étudiants, son orientation n’a pas été acceptée par « Parcours Sup ». Sa copine s’inscrivant en Humanités, il l’a suivie. Pourtant, Lucas sait précisément ce qu’il souhaite faire. Depuis trois ans déjà, il a choisi de devenir gendarme, spécialisé dans les unités canines. Il tentera le concours à la fin de l’année. Il est un peu déçu par les Humanités, trop axées sur « les aspects littéraires » à son goût.

Lucas vient dans le tiers-lieu du rez-de-jardin du Centre de Langue parce qu’« il fait chaud, qu’il y a l’internet. C’est un bon endroit ». La majorité de ses cours se déroulent au bâtiment E, le dernier bâtiment du campus, dans lequel il n’y a selon lui pas d’endroit agréable. Lucas a découvert le tiers-lieu en venant à ses cours d’anglais. Il vient surtout pour y travailler seul. Il a essayé à plusieurs reprises de venir travailler sur des exposés, mais lui et ses condisciples n’ont pas trouvé assez de places pour travailler en groupe. Ils se sont rabattus sur l’espace à l’étage du bâtiment P, où il y a également une bonne connexion internet, mais « qui ressemble plus à une salle d’attente ».

Lucas, mains sur le clavier de l'ordinateur, écouteurs sur les oreilles
Lucas commence par consulter les informations.

Lorsqu’il vient ici, il dit utiliser son ordinateur portable pour lire ses mails, regarder l’actualité et/ou consulter des sites de documentation. Il dit ne généralement pas se servir d’applis particulières, et en tous les cas, pas dans le cadre de ces études. Pour celles-ci, il consulte principalement les services de documentation de la Bibliothèque universitaire de Lyon 2.

S’il y a un outil numérique dont il aimerait se servir, ce serait une base de documentation simple, accréditées scientifiquement, qui permettrait de trouver les notions de bases et définitions (« on nous dit que Wikipédia c’est pas bien, mais.. »).

Il semble beaucoup aimer cet espace du bâtiment O. Il le confirme lorsque je lui demande ce qu’il changerait dans ce lieu, et ajoute qu’un même espace plus grand pour laisser plus de possibilités de travail en groupe, « un plus sur l’espace serait vraiment bien ». Il précise aussi que le « rez de jardin » possède un point gênant pour lui, c’est qu’il n’y a pas de couverture réseau téléphonique. Il aime les couleurs choisies, le calme, le fait que les gens ne parlent pas fort.